TO Gallardo

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"Les 'tissagismes' de
To Gallardo"
par Ester Xargay
 

 

LES 'TISSAGISMES' DE TO GALLARDO par ESTER XARGAY



To Gallardo continue à enfiler la peinture avec l'aiguille entreprenante qui la caractérise. Son art se développe avec de grands points de recherche, avec lesquels elle faufile un langage très particulier, qui donne à son œuvre un glossaire complet de trouvailles de plastique-textile, avec lesquelles elle tisse des ismes, ceux de son répertoire artistique, de plus en plus large, dont la somme des ismes pourraient être qualifiés comme «tissagisme» bien personnels.

L'originalité de la confection artistique de To se trouve en savoir utiliser les outils de la peinture et de la couture, en maîtrisant ces deux pratiques et en sachant fusionner les deux techniques tout en soustrayant les parties fonctionnelles de l’une pour lui ajouter les pièces esthétiques de l’autre. De cette façon, dans chacune des œuvres de To Gallardo, il y a une nouvelle expérimentation, avec laquelle accumule l'expérience et l’assemblage entre les éléments traités. Le résultat est un tas de sommes et de soustractions qui reprisent une gamme plurielle et riche des styles picturaux nourris de fibres textiles.

Ainsi, To Gallardo tisse et délave, peint et détisse, empâte et brode, retire de la peinture et étire des tissus, tire des lignes et étire des fils, et beaucoup d’autres actions, avec un travail artistique élaboré et laborieux. Ses œuvres respirent courage et sagacité en ce qui concerne au choix et à la combinaison de la couleur, elles dégagent beaucoup de fraîcheur et le goût pour le jeu. Il n’y manque non plus l’humour, qui apparaît en chaque pièce comme en faisant un clin d’œil inespéré, soit sous la forme de petites ficelles orphelines, apparemment détachés au sein d’une composition, soit comme une petite épaisseur jaune en faisant un arrière-point sur une boutonnière, parmi d’autres plusieurs formes éventuelles que l'artiste combine avec adresse pour provoquer la surprise.

C’est To des rognures effilées en peinture, comme des fils émancipés sur des tissus peints avec des couleurs éclatantes, de fils embrouillés qui font des courbes jusqu'à finir assemblés; et c'est To des cousus avec du point de boutonnière, ou des boutonnières reprisées qui ouvrent des yeux rieurs sur des tissus coloriés; et c'est To des brocarts et

des gazes que, par accumulation spongieuse, se transforment en chignons et pompons qui ont le toucher.

Il s'agit de la toile sur la toile, d’un art qui nous rapproche à l'esthétique du collectif d’artistes «Support/Surface», qui conféraient la même importance aux matériaux utilisés et aux gestes faits qu’au résultat final de l’oeuvre, favorisant ainsi la pratique de la peinture sur la volonté d'expression. L’art que To Gallardo traite au jour le jour dans son atelier, l'atelier où elle confectionne avec énergie son lexique visuel et tactile, avec tout un arsenal de rubans et fils, de peinture et éléments de sa tâche quotidienne.

Et c'est exactement comment il faut comprendre la peinture, seulement comme un fait en soi. La peinture de To Gallardo –bien douée d'ingéniosité et d’habilité au moment de combiner des éléments et des couleurs- est un fait pictural frappant, exprimé avec une force qui refuse toute sorte d'interprétations faibles. Et c'est en ce sens que je lui dédie ce poème qui surgit par rapport au travail d'Antoni Tàpies:

Aürt!
El solc del qual
reté la violència
de l’embat dins
la matèria
grisa, concavitat
plàstica que marca la tela,
petja d’un gest
sense ira, sinó
amb força, ni cap
finalitat, sinó
lluita
-buit del dir, ple
de l’acte capit-,
ni fe,
ans no res,
sinó ésser.

 
 
 

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