Antònia Gallardo, TO, designer de mode de profession, utilise le fil dans la peinture, et le tissu, faisant partie de son bagage professionnel, devient, ainsi, l’élément principal de ses collages, avec lesquels -et grâce au travail anarchique que l’art de la peinture lui offre- elle contredit les règles de la couture. Il en résulte une œuvre vitale et libre, qui s’affirme avec la force, et la poétique, de la simplicité mélangée avec la fraîcheur de la spontanéité et du désir de faire.

Dans ces œuvres, chaque fil vibre, vit et cohabite en une particulière combinaison d’éléments, une affluence de traits textiles qui coulent sur le papier blanc, autour d’un petit morceau de tissu imprimé. Et, c’est justement de ce petit morceau, colorié industriellement, d’où part le flux de la composition hasardeuse, qu’elle accomplit  avec des traits de peinture, des taches de couleurs pures, avec lesquelles conjugue des tensions, du chaos et de l’équilibre.

Il faut remarquer, dans ces compositions, la contention courageuse de l’artiste, une rigueur qui confère une sobriété et légèreté à l’œuvre, et qui rappelle le style de la peintre Liubov Popova –aussi designer textile-, l’une des principales artistes des avant-gardes russes.

Avec le suprématisme, Popova cherchait une reconstruction de la forme faite seulement à partir de la couleur : avec ses vives compositions géométriques, très coloriées, elle envahissait l’espace à la façon d’une architecture picturale. Et celle-là est l’expérience que To réalise avec le tissu, avec un soi-disant suprématisme naïf très intéressant

Ester Xargay, "Fils en pintura i retalls en textura"